Zabou the terrible

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Mot-clé - caeli et tu enarrant gloriam Dei

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dimanche, janvier 6 2013

Crois-tu que le Christ est vivant, qu’Il nous aime ?

On me fait souvent la remarque que je ne réussis pas à parler d’Église sans, rapidement, parler de Foi ; que je ne parviens pas à parler de ses prises de position sans me référer à cette Foi qui nous anime, lien vivant d’une amitié, d’un amour fou, entre le Seigneur et nous. Et cela, ce n’est malheureusement pas assez, il faut toujours aller plus loin, sinon l’on tombe vite dans la vacuité des idées et dans un durcissement de position sans raison, oubliant Charité et Vérité, c’est-à-dire le Christ.

 

Tout cela, c’est que ce dit encore mieux l’édito de la Lettre du diocèse de Nanterre pour janvier et février 2013, rédigé par Mgr Daucourt qui veut visiblement nous provoquer dans notre hibernation. Ce texte a déjà paru ici ou là sur le net mais, parce qu’il est vraiment bien, profondément vivifiant et juste et qu’il tombe à pic en ces temps de grands débats sociétaux, je le recopie ici.

 

« Comme évêque, je me demande parfois si certains catholiques ne sont pas des « athées pieux » (phénomène connu en Italie sous l’appellation « atei devoti »). L’athée pieux défend des « valeurs ». Il s’engage généreusement dans des combats pour lesquels il fait référence à la morale chrétienne. Il participe à des rites chrétiens. Mais la question demeure : croit-il que le Christ est vivant, qu’Il nous aime, qu’Il nous sauve, qu’Il nous attend pour une vie éternelle ? Entretient-il une relation avec le Christ ? C’est en tout cela que consiste la spécificité de la foi chrétienne et non pas dans al défense de « valeurs » ou dans la générosité ou dans une morale, toutes réalités que vivent aussi des non chrétiens. 

 

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samedi, décembre 29 2012

Si tu pries dans la ville - de la durée et des hommes

 

 

 

« Si tu pries dans la ville, tu n’y viens pas en touriste ni pour y faire des expériences. Si ton Seigneur t’appelle là, enracine-toi dans le quotidien, entends le Christ qui te parle de persévérance, de perte de vie. Laisse-toi façonner par ce réel (monotonie des jours, du travail, des transports, pauvreté des rapports humains, mais aussi richesse des solidarités, des amitiés). Tu es embarqué pour une longue aventure. Le Seigneur est le maître du temps. Sois patient. […]

 

Si tu pries dans la ville, c’est que tu y cherches d’abord le Seigneur. Tu es là pour lui qui t’a aimé le premier. Mais si tu es ici et non ailleurs, c’est aussi pour ces hommes et ces femmes. Tu es l’un d’entre eux. Tu es leur voix devant Lui. A chaque instant, tu les portes. Tu partages leurs fatigues, leurs soucis concernant leur santé, leur avenir, le travail, la crise économique, les incertitudes politiques, le chômage de leurs enfants… Toutes ces icônes défigurées, tous ces êtres créés à l’image de Dieu et à sa ressemblance. « Le christianisme est la religion des visages » (Olivier Clément). Ta prière restaure ces icônes et tu seras émerveillé de les voir sourire, retrouver leur visage d’enfant. Ce Portugais dont tu serres la main tous les matins, cet enfant mal-aimé qui te saute au cou, cette voisine qui vient te confier la santé de sa fille accidentée, ce drogué dépressif qui n’espère plus sa libération, cette manifestation qui passe…

 

Ne méprise personne, jamais. « Ne jugez pas ». Assume, intercède, adore, brûle comme le cierge, petite lumière dans la nuit. Laisse-toi évangéliser par les pauvres. Bien souvent tu découvriras l’Esprit à l’œuvre et des gestes d’amour dont tu te sais incapable. Accepte de recevoir. Tu es venu apprendre à prier dans les conditions ordinaires de la vie. Avec les hommes, pour eux. »

 

Mgr Guy Gaucher, cité dans Sources vives (nov. 2012), p. 120-121

 

 

dimanche, décembre 9 2012

Trois mois de liens

 

 

 

Il y a trois mois, je ne les connaissais pas. On m’a donné une liste, enfin trois, de plus de 30 noms chaque et puis voilà, je serai leur professeur de Lettres pour l’année. Débrouille-toi avec, gamine, et puncto.

 

Il y a trois mois, je ne les connaissais pas. Je les découvrais avec autant de curiosité et de crainte mêlée de joie qu’eux-mêmes se demandaient qui étaient donc leur professeur et, surtout, son drôle de caractère. Il y a trois mois, j’apprenais à la bienveillance sans connaissance et je faisais mes premiers pas sur l’estrade[1], pour enseigner, un peu.

 

Cette semaine, il y avait des conseils de classe. Après l’avis général sur la classe, chaque nom d’élève défile sur l’écran, accompagné des notes, des annotations de chacun des professeurs et d’une petite photo dans le coin à droite. Ca m’a fait un drôle d’effet. Parce que, maintenant, avec chacun d’eux, j’ai un petit bout d’histoire partagé. À chaque nom qui apparaissait, j’avais des images qui me venaient en tête, des bribes de paroles… une personne en train de grandir. Parmi eux, il y en a qui m’agacent mais, en même temps, il y a vraiment quelque chose qui s’est lié avec chacun d’eux : et j’étais heureuse de m’apercevoir de cela, dans toute la complexité et l’unicité des relations entretenues avec chacun. Poursuivant ma dangereuse[2] tentative de subversion[3] de la fonction publique, j’ai prié et rendu grâce bien souvent durant ces conseils. C’est beau de travailler via les « humanités » pour faire grandir leur humanité, vous savez.

 

Mais cette semaine, il y a eu autre chose. Cette semaine, j’ai été pour la première fois confrontée à la violence en classe. Oh la violence verbale entre les élèves, c’est un peu mon pain quotidien. Mais cette violence physique, bestiale, vous savez… Cette violence d’un élève qui en choppe un autre violemment pour l’envoyer valser au loin, là, comme ça, devant vous en oubliant que vous existez. C’est impressionnant. C’est choquant. Il fallut en sortir un, jouer au bluff du « W., vous sortez » en y jouant toute son autorité sans savoir s’il y aura de l’effet parce que le W. en question pourrait vous envoyer valser vous aussi. Et poursuivre à l’issue du cours les rapports et autres sanctions. Mais le pire, ce n’était pas de le sortir cet élève, c’est l’effet que cela provoque. Après cette violence, tout le monde était amorphe, sans vie. Les élèves comme moi-même. On constate que la violence n’existe pas seulement pour elle-même, elle rompt quelque chose. Elle vient casser les liens d’humanité qui ont pris trois mois à se tisser, qui sont fragiles : elle ramène chacun à sa part de bestialité et non pas à ce que chacun possède de plus grand, de plus beau. De ce qu’on leur demande de faire grandir, pour aller au-delà. J'avoue être encore sous le coup de ce bris inattendu.

 

Être prof, c’est sans doute enseigner, oui, c’est notre mission première,

Mais, avec ces trois mois, avec cette semaine, je m’aperçois que c’est aussi être au cœur de tous ces liens humains,

Liens qu’il faut aider, en humble tisserand, à tisser, retisser, inlassablement, sans cesse…

Que je continue, inlassablement aussi, à Lui confier.

 



[1] … quand il y en a une.

[2] Je n’exagère même pas car, selon Jean Sulivan, la prière est « l’acte révolutionnaire par excellence, le contraire de l’aliénation »… alors, c’est dire ! ;-)

[3] En d’autres lieux, on parle de « conversion », mais vous aurez compris l’idée. 

jeudi, août 23 2012

De la terre à la terre au ciel

 

Bien sûr, il y a tous ceux là qui ne croient pas. Mais, avec eux, les terrains d’entente sont tout de même nombreux : goûts partagés ou passions communes, simple sympathie mutuelle de caractère, joie de vivre…

 

Et puis, il y a ceux-là où le terrain n’existe pas ou en donne l’impression : chez eux, le terrain semble miné de partout. Il ne s’agit pas uniquement d’absence de transcendance ou d’immanence, il s’agit d’un rationalisme où même l’humanisme le plus humble, le plus microscopique, n’a plus guère sa place.

Pas de brèche, pas de faille apparente.

 

Ceux-là dont on a l’impression qu’ils ne se sont jamais enthousiasmés pour rien ;

Si Dieu, l’Eglise et la foi, c’est bon pour les minettes bigotes qui n’ont rien d’autre à faire, c’est presque pareil pour l’art, ou quelque autre activité vivifiante, élevant l’homme ou l’âme.

 

Ceux-là qui n’ont jamais été touchés par  un livre, une musique, un tableau, un paysage ;

Ceux-là qui semblent n’avoir jamais eu une seule passion ;

Ceux-là qui ont l’air confortés dans leur certitude par une quelconque action malfaisante ;

Ceux-là qui ricanent quand on s’extasie naïvement devant la petite goutte rayonnante d’une belle action ou la parole admirable d’un grand homme ;

Ceux-là dont on se demande s’ils ont jamais rêvé, un jour ;

Ceux-là dont le seul sourire se dessine à écouter et à déblatérer toutes prédictions apocalyptiques sur la fin du genre humain. Qu’ils n’aiment de toute façon pas, ça ne sert à rien.

Ceux-là… Ceux-là pour qui le ciel est vide et la terre d’un noir absolu.

Sans lumière et sans possibilité de jour.

 

Je pense à toi en particulier, si proche de celle-là.

Je me demande  parfois avec un sourire amer à quoi tu penses quand tu la prends dans tes bras…

Je m’interroge aussi certains jours sur tes amours précédentes : après quoi cours-tu ?

Qu’est-ce qui te fait vivre quand même puisque tu n’aimes pas cette vie ?

C’est un mystère pour moi : où est ta faille ? Où est ton trésor ? Où est ta vie ?

 

Oh, bien sûr, moi, je ne vaux pas mieux que toi, pas mieux qu’eux, mais à moi il m’en faut peu pour me redonner le sourire : un enfant qui joue, un coucher de soleil, une prière dans mon cœur… j’aime la vie, jusque dans ses aspérités qui font parfois si mal.

Je trouve ça beau.

 

Evidemment, je prie pour ceux-là, aussi, 

Mais parfois, le soir, je pense à tout ça, à eux et puis à toi ;

Et ça me rend un peu triste, même si je crois bien que ta vie doit aussi pouvoir dire quelque part, comme ces étincelles de sainteté que tu conspues, la gloire de Dieu. 

 

samedi, août 18 2012

Espèce d’humaniste !

 

Ranger, c’est aussi s’exposer à tomber sur de vieux papiers que les yeux prennent plaisir à relire - tandis que le rangement n’avance plus - : paroles gardées que le cœur, lui, prend plaisir à goûter, à ruminer…

 

 

« Il n’est pas d’homme assez pur pour que l’amour divin n’ait pas besoin de le broyer ;

 

Il n’est pas non plus d’homme trop misérable pour que l’amour divin n’assiège et ne mendie son âme.

 

Et dans cet amour qui nous pourchasse jusqu’en enfer et qui nous soulève jusqu’au ciel s’efface le double scandale de la valeur infinie de l’homme et de la souffrance humaine.

 

Aux yeux de Dieu, nul homme n’est assez haut et nul homme n’est trop bas : tout le secret de l’humanisme chrétien est là. »

 

 

Gustave Thibon

 

vendredi, août 3 2012

Rencontres au gré du Camino… et Dieu ?

 

 


 

Hein ? Quoi ? Comment ? 

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mercredi, août 1 2012

C’était un p’tit bonheur

 

On préparait des sacs qu’il portait.

Je ne le connaissais pas, j’ai regardé son étiquette, j’ai lu : « Bonheur ».

Bonheur ? Quel drôle de nom, pourquoi pas libellule ou papillon ?

 

J’ai toujours tendance à me méfier des noms comme ça, un peu bizarres,

Et pourtant, c’est quand même beau de s’appeler « bonheur » !

Je lui ai souri en lui tendant le sac et il m’a aussi répondu d’un large sourire :

Bonheur, ou la tâche de répandre la joie ?

 

Ces autres personnes-là arrivaient,

J’étais émue de la dignité qui accompagnait la misère qu’ils portaient avec eux, qu’ils traînaient lourdement.

J’apportais quelques-uns de ces colis qui allait pouvoir les aider au moins à s’alimenter pour quelques jours.

Bonheur faisait pareil, lui pour les familles : il portait toujours des sacs.

Cela a duré des heures et la fatigue se faisait sentir, en sus du poids des histoires tragiques entendues ici et là, en sus de ce nombre toujours grandissant des « accueillis » ici : Seigneur, que de misère !

 

Bonheur, lui, souriait toujours… ça m'a fait sourire. 

Et, au soir, sourire encore en priant avec le psalmiste, comme naturellement :

« Qui nous fera voir le bonheur ?

Sur nous, Seigneur, que s’illumine Ton visage ! » (ps. 4)

 

samedi, juillet 28 2012

Brèche de surnaturel


Tu m’as dit avec une sorte d’avidité : « Raconte-moi »…

Alors, j’ai cherché mes mots, spécialement pour toi.

 

J’ai dit des choses,

J’ai tâché de te décrire

Des lieux, une expérience, des rencontres.

 

Je t’ai montré quelques photos,

Je t’ai parlé de la fabuleuse lumière de ce champ,

Je t’ai dit mon amour de l’art roman et ce qu’il laisse toujours passer pour moi,

Je t’ai dit des visages, des discussions à n’en plus finir, des sourires qui allaient au-delà de la barrière de la langue.

 

J’ai tenté de te donner quelques fragments de ce que j’avais pu vivre, là-bas ;

Avec le plus de franchise, avec le plus de cœur possible.

 

Pourtant, malgré mon enjouement, cela ne reste bien que fragments,

D’abord parce que la parole reste toujours – et heureusement ! – en deçà de la vie

Mais aussi parce que tu ne crois pas,

Et que tu ne veux pas que j’en parle.

 

Alors, je ne t’ai pas dit mes moments de prière,

Je ne t’ai pas dit les messes quotidiennes sauf pour ces moments plus originaux qui t’ont fait sourire,

Je ne t’ai pas dit la louange qui m’emplissait le cœur quotidiennement face à la Création ;

Je ne t’ai pas dit…

 

Du coup, je n'ai su que t’indiquer d'une parole ces brèches dans lesquelles je vois Dieu,

Te sourire pour te montrer que ces brèches me font vivre.

 

Et puis, un autre truc que je ne t’ai pas dit, à toi,

Par pudeur autant que par respect de ta volonté,

C’est que dans ces jours-là,

Au détour du chemin, j’ai moi aussi cherché à ouvrir comme une brèche de surnaturel :

J’ai prié avec mes pauvres moyens, oui, et j’y ai aussi prié pour toi.


mercredi, juin 27 2012

Réunion, ça rime aussi avec communion

 

 

Être jeune catho engagé(e), ça rime souvent avec apprendre à réunionner. Trop souvent d’ailleurs. Quand plusieurs projets se dessinent à l’horizon, les réunions se multiplient, pas toujours très pertinentes ou, parfois, devant régler des problèmes de la grosseur d’une patte de mouche… qu’ils faut pourtant bien régler, certes, mais qui font souvent les regarder voler, ces mouches. Oh, qu’il est beau le plafond !

 

Aujourd’hui, une réunion, comme une autre. Un peu moins de 10 personnes : diversité des régions, des âges, des états de vie… Un long ordre du jour : beaucoup de problèmes, peu de solutions, trop de discussions. La galère.

 

Au cœur de la journée, place où je la goûte toute particulièrement : la messe, concélébrée par les 4 prêtres.

 

Goûter la simplicité, le silence de celle-ci, à 9 dans une lumineuse chapelle.

 

Et ce silence-là, ce si beau silence-là quand le prêtre présidant la célébration tient l’hostie élevée dans ses mains…

Dieu présent. Dieu qui se donne, là, pour nous.

Et puis encore ce silence-là, si naturellement prolongé, d’après la communion.

 

Contempler les regards en sortant de la messe : les trouver plus lumineux ;

voir les gestes et les paroles se déployer dans une plus grande charité ;

 

Recevoir la communion avait augmenté celle existant entre nous :

Parce qu’Il est la source de notre communion.

C’est en Lui que nous sommes frères, que nous nous recevons tels ;

C’est en Lui que nous apprenons à aimer ;

 

Approchons-nous de Lui !

Et puis d’ailleurs, c’est seulement en Lui que nous saurons Le dire, dans ces divers événements que nous préparons pour mieux Le faire connaître…

 

Quel sens tout cela aurait-il sans Lui ?

Il est Celui qui donne sens, qui évite de se perdre dans les multiples détails pratiques ou de s’échouer dans les chamailleries !

Et je crois bien que la messe devrait être inscrite d’office dans le programme d’une journée de réunion !

 

jeudi, juin 21 2012

Qu’est-ce que je dis ?

 


« Il répète trop : la foi, la foi, il s’accroche au mot comme à une bouée.

Quand on veut parler d’une chose, il faudrait ne pas la nommer trop vite. Les mots ne sont pas des objets.

La poésie seule pourrait faire deviner que le sens est au-delà et ne peut surgir que d’une rencontre, la rencontre de l’esprit chrétien et du Saint Esprit prisonnier dans la lettre. »

 

in Jean Sulivan, Consolation de la nuit

 

 

A lire, je me demande : qu’est-ce que je dis, quand je dis « Dieu » ?

Qu’est-ce que je dis, quand, témérairement, j’ose dire que je prie… 

 

 

Donne-nous et trouve en chacun de nous des poètes épris de Toi,

Te remettant, jetant en Toi d’un élan quotidien, écrits et cris,

Tentant de chanter et ne sachant, et ne faisant, que balbutier ;

Mais gracieux jusque dans leurs balbutiements porteurs de fragments étincelants,

Parce qu’échos, parce qu’éclats, dans leur vie, d'une rencontre impossible à contenir. 

 

 

lundi, juin 11 2012

Et donc, il y eut tout cela

 

 

Attention, ce billet est garanti « 3615 My life » par votre blogueuse mais pourtant aussi 100 % grâce divine. Car ce n’est pas incompatible.

 

Parce qu’il est temps d’en dire quelques mots ici puisque cela fut annoncé « en vrai » à ceux à qui cela devait l’être : je ne fus pas admissible à ce concours que je préparais depuis de longs mois, celui de l’agrégation[1].

 

Si l’on peut légitimement être déçu quand on se bat jusqu’au bout et que l’on est obligé de s’investir à fond dans la préparation en renonçant à pas mal de choses, on peut aussi se douter très profondément que cela ne sera pas positif quand les circonstances de l’année furent ténébreuses. Cela a affleuré ici ou là par allusions sur mon blogue mais point n’est besoin d’en dire plus sur la place publique : cela restera privé. Mais, peut-être le savez-vous ou en avez-vous déjà fait l’expérience, la déception, ce n’est pas la tristesse !

 

Il n’est pas aisé de faire comprendre aux personnes que je ne suis pas triste et de devoir souvent les consoler plus que moi-même.

 

Quand les circonstances sont lourdes, pesantes, douloureuses, on en revient à une seule chose : avancer, tenir bon, être là au quotidien.

 

Vivre.

 

Grâce quotidienne, chaque jour demandée, chaque jour heureusement accueillie et reçue : et aujourd’hui, je rends grâce à Dieu d’avoir été jusque là et d’être là aujourd’hui. Situation que je ne pouvais imaginer il y a ne serait-ce qu’un an. Non pas dans une paix qui ne serait que de façade mais dans Sa paix.

 

On a alors envie de prier tout simplement avec le si bel acte d’abandon du bienheureux Charles de Foucauld : « Mon père, je m’abandonne à Toi. Fais de moi ce qu’il te plaira… » parce que l’on sait qu’Il est paix et joie, même quand on ne comprend pas.

 

Oui, oui, c’est bien beau tout cela, et la suite me direz-vous ? Les années qui suivent s’ordonneront donc dans un ordre légèrement différent de ce qui était prévu initialement mais cela avancera, à son rythme… puis j’ai encore les oraux d’un autre concours qui m’attendent à la fin du mois.

 

En avant ! Et que cela soit de jour ou de nuit !

 

« Conduis-moi, douce lumière,

dans les ténèbres qui m'entourent,

conduis-moi vers le haut !

La nuit est épaisse et je suis loin de chez moi :

conduis-moi vers le haut !

Dirige mes pas car je n'y vois rien ;

que je voie seulement à chaque pas.

 

Jadis j'étais loin de t'en prier.

Je voulais moi-même choisir mon chemin,

croyant pourvoir le déterminer

à ma propre lumière, malgré le précipice.

Avec fierté, j'élaborais mes buts.

Mais maintenant, oublions tout cela.

 

Tu me protèges depuis si longtemps,

que tu accepteras bien de me conduire encore :

au-delà des marécages,

des rivières et des écueils qui me guettent,

jusqu'à la fin de la nuit. »

 

Bienheureux John Henry Newman

 

 



[1] Oui, oui, alors même que j’y avais été admissible l’an passé. 

jeudi, mai 10 2012

Si, toi aussi, ta vie quotidienne ne te semble pas tous les jours franchement méga poétique

 

 

 

De passage par ici, mes yeux s’arrêtèrent bien sûr – esprit de contradiction oblige – par là ;

Sur un calendrier délicatement posé en chevalet à la page du jour, on pouvait lire une simple phrase attribuée à Rilke :

 

« Si ta vie quotidienne te paraît pauvre, ne l’accuse pas, accuse-toi plutôt.

Dis-toi que tu n’es pas assez poète pour en convoquer les richesses. » …

 

Si ta vie quotidienne te paraît pauvre,

Et que tu peines, et que tu râles devant la feuille souvent grisâtre de la vie,

Demande Lui d’en convoquer toutes les richesses !

 

Si ta vie quotidienne te paraît pauvre,

Demande Lui de te faire prophète de Sa Beauté inaltérable,

De te faire poète de Sa grâce !

 

Demande Lui l’émerveillement pour, en tout, Le chercher,

Et, en étincelles cachées autant qu’en rayons éblouissants, L’admirer.

Demande Lui Ses mains pour agir,

Et pour, là où tu te trouves, ainsi L’écrire. 

 

Si ta vie quotidienne te paraît grise

Et que le monde semble crouler

Sous des malheurs bien trop grands

Pour tes pauvres petits moyens de petit poucet rêveur,

Demande Lui Ses yeux pour l’admirer ;

Demande Lui Son cœur, pour l’aimer ;

 

Tu l’enrichiras alors, ta pauvre vie quotidienne, 

Par toute ta pauvreté, donnée.

 

mardi, mai 1 2012

A petits gestes, à petits pas

 

C’est une famille que je connais bien.

Dans le langage courant, on parlerait de cette famille comme une famille recomposée. Je n’aime pas ce terme : il sous-entend qu’il y a quelque chose de cassé définitivement, de rompu dont on essaierait laborieusement de recoller les morceaux. Alors qu’une famille, même s’il y a des ruptures, des éloignements, des séparations, elle est composée de ses membres, et elle le reste. Une famille, elle n’est jamais re-composée, quand bien même le jeu des affinités électives se fait, se défait, se refait…

 

Cette famille que je connais bien, elle était installée à la cafétéria d’un hôpital spécialisé dans le soin des enfants.

 

Cette famille, elle est un peu bizarre : il y a là la petite malade et, autour d’elle, ses parents et quelques autres. C’est qu’il y a eu des mariages, des enfants, des divorces, des remariages… De l’extérieur, il n’y a pas grand monde qui comprendrait comment est organisée cette table curieuse, un peu bruyante, et, d’ailleurs, il importe peu de savoir qui est qui : c’est leur histoire à eux.

 

Tout ce petit monde se tutoie et c’est assez amusant : c’est sûr, avec chacun, l’on partage des tranches de vie en commun, même si l’on ne s’est pas vu depuis longtemps et c’est une drôle d’impression que de se trouver tous autour de cette table. Car chacun appartient aussi à la vie des autres, et réciproquement ; et indélébilement.

 

Mais chacun a aussi des histoires délicates en commun. Des engueulades, des déchirures, des trucs lourds… Comment ne pas s’en souvenir en se voyant ? 

 

Mais ce jour-là était si particulier ! Chacun faisait des efforts. Non pas pour faire semblant de bien s’entendre, encore moins pour tirer un trait sur le passé mais parce qu’il y avait elle, cette jeune-là.

Cette petite qui souffrait et dont chacun autour de cette table était proche.

 

Alors, on se parlait, de choses et d’autres ;

Alors, on se souriait ;

Alors, on riait ensemble, comme pour conjurer le malheur et ouvrir la porte à autre chose, que l'on espère meilleur ;

Alors, on trinquait d'un café à l'à-venir. 

 

Vous savez, on voit souvent Dieu à l’hôpital ou l’on croit a contrario percevoir son absence, mais l’on parle rarement de Lui chez les visiteurs et les familles, simples êtres de passage dans ce grand lieu grouillant de vie et de souffrance.

 

A ce moment, je suis sûre que Dieu était là, dans ces petits efforts de rien pour s’aimer pour de vrai, sans faux-semblant.

Pour elle, et pour les autres, ses voisins ;

Pour être ensemble et entourer ;

Pour aimer, à petits pas de tendresse.

 

Dans cette famille que je connais bien, il y en avait une qui avait dans la tête, allez savoir pourquoi, comme une petite ritournelle de rien :

 « Ubi caritas et amor, Deus ibi est »

Et qui la laissait résonner et grandir dans la pauvreté de son cœur ;

Comme une prière de vie.

 

dimanche, mars 11 2012

Un truc de malades


 

 

Aimer, ça rime avec trop de verbes, il faut bien toute une vie pour savoir les décliner !

Et en plus, aimer, ça entre en résonance avec certains verbes qui ne riment a priori pas, qui ne sont pas de cet ordre : tout est question de découverte, de croissance en amour… D’ouverture, d’aventure, là où on ne l’attendait pas.

 

Récemment, j’ai découvert

Qu’aimer, certains jours,

C’était avoir, au sein même de la confiance, peur ;

Terriblement peur, peur pour toi.

 

Aimer alors, c’est proposer,

Ce qui semble un peu bizarre,

Mais ce qu’on sait être bon, ce qu’on croit aller profondément vers la vie.

 

« Dis, toi, as-tu pensé, crois-tu que…

Ne voudrais-tu pas réfléchir à recevoir ce sacrement-là ? »

 

Ouvrir discrètement une possibilité,

Orienter vers un qui saura l’aider,

La laisser rencontrer, choisir, se décider ;

Importance de la liberté… 

 

Alors même que la maladie continue ses ravages,

Alors même que la souffrance s’étend.

 

Parler, prier.

Se laisser choisir comme "marraine" pour celui-ci.

Accueillir.

Poser une main sur l’épaule et être à côté,

Accompagner, le regard un peu embué.

 

Prière mains imposées sur la tête ;

Onction d’huile sur le front ;

Onction d’huile sur les mains ;

Le Seigneur comme force…

 

Sourire de concert et voir ses larmes doucement couler,

Rendre grâce en communauté,

La serrer dans mes bras.

 

On a beau savoir que sacrement,

Ça ne rime pas avec sentiment,

C’est toujours touchant.

Mais quand c’est cette petite-là de ton sang,

C’est simplement bouleversant.

 

J'avoue que je n’ai pas toujours le cœur à rire en ce moment mais je l’ai tout de même quotidiennement en action de grâce ; et, mon Dieu, ce soir, je te rends grâce pour ces Sacrements qui viennent si bien parler à notre humanité, qui sont les mains, qui sont Tes mains que Tu tends pour nous relever.

 

mardi, décembre 20 2011

Qui loue en tout ? Ut in omnibus...


 

(vu en la cathédrale de Saint-Malo)

 

Version moderne du « ravi » de nos crèches ?

Optimisme béat new age ?

 

Nécessaire conversion du « qui loue tout » à « qui loue en tout », oui…

 

Mais nouvel instrument de louange au service de nos églises et surtout de nous-mêmes ?

 

Car rappel, même dans le numéro « indigo » de l’Avent,

que la Joie, bien que don, peut être tâcheronne

mais qu’elle est tellement, tellement porteuse.

 

jeudi, décembre 8 2011

Un mec crade

Un mec crade

 

 

Sortir des cours, fatiguée, comme toujours en ce moment ;

Courir pour rentrer travailler, encore, un peu plus, claquée ;

Décembre, juste avant les vacances : c’est la mauvaise période pour l’agrégatif.

Il est tout pâle ; il n’a pas le temps ; il a du mal avec son réveille-matin : la loose intégrale.

 

Gare St Lazare : ouf, la moitié du trajet est faite. A quelle heure mon train ?

 

C’est là qu’un mec tout sale s’approcha de moi, le type qui donne envie de le repousser direct : aviné, les cheveux crasseux, le reste pas moins, brinquebalant, la gueule en biais.

 

Et le raisonnement peu glorieux se met en place, tout naturellement, trop facilement : la lâcheté ordinaire quoi. Non, non, non, qu’il ne m’adresse pas la parole, pas envie, là, autre chose à faire ! Puis, il y a plein de monde dans cette gare pour s’occuper de lui, quoi ! Zut, il s’approche de moi, faisons mine de ne l’avoir pas vu… raté.

 

- Bonjou’ Gniéniorqmherimhqr ?

- Euh, bonjour, oui, pardon ? Excusez-moi, je n’ai pas compris ?

- Madm’selle, tu peux changer mon médaillon autour du cou ?

 

Là, je n’ai vraiment rien compris à cette demande étrange… Il avait un médaillon autour du cou, oui : un cœur tenu par une chainette. Mais pourquoi le « changer » ? Le quiproquo dura quelques secondes car je ne comprenais vraiment pas ce qu’il souhaitait. Au bout d’un moment, je compris : il fallait l’aider à enlever la chaine autour de son cou pour remettre le pendentif dans l’autre sens.

 

Je ne voyais pas l’intérêt…

Jusqu’à ce que je découvre que le pendentif avait deux faces :

Et le cœur tout emmêlé devient le cœur côté brillant de faux diamants.

 

- T’sais pourquoi je porte ça autour du cou ?

- Parce que le cœur, c’est l’amour ?

- P’tite m’selle, moi, j’porte un cœur parce que je veux aimer tout le monde. ».

 

Sciée j’étais.

 

Il m’a ensuite parlé de sa misère, de sa famille qui le rejetait : la bouche toute empâtée, je n’ai pas tout compris, mais je tâchais de l’écouter. Et puis, en guise de finale :

« Tu vois ce cœur là que je porte parce que je veux aimer tout le monde. Toi, merci. Tiens, je l’embrasse, j’embrasse ma main et je la mets sur ton épaule. Pour que toi aussi, tu sois forte et que tu aimes tout le monde. »

 

J’ai encore une fois failli rater mon train mais je n’ai pas regretté…

 

Dans le train, j’ai regardé la discrète croix que je porte toujours autour de mon cou :

Tu sais vraiment comment T’y prendre, Toi, pour qu’on ne T’oublie pas, hein ?

J’ai souri, puis en mon cœur s’est élevée une prière en guise de merci.

 

mardi, novembre 8 2011

Présent d'automne

 

Froid feutré de l’automne qui progresse ;

Froid de plus en plus silencieux, comme rendu opaque par cet amuïssement sonore progressif :  

Peu de marcheurs dans les rues, les êtres commencent à se terrer, à se blottir chez eux ;

Ici ou là, des fumées qui s’élèvent, signes des foyers bien chauffés,

Quand ce n’est pas celle s’échappant de ma bouche à force de respirer dans le froid.

 

Elles semblent loin ces belles et vastes étendues de l’été…

Ils semblent loin ces projets, ces rêves estivaux faits au doux soleil revigorant !

Et ces concours à préparer, qui riment si bien avec aridité ;

Et ces services à assumer, divers et variés.

 

Le champ de vision semble se réduire, se concentrer…

 

Pourtant, c’est ici, dans ce coin,

Dans ce tout petit coin d’automne,

Fait d’études, fait de rencontres, fait de travail,

Fait de peines et de joies, minuscules comme majuscules,

Que Tu m’appelles Seigneur.

 

Temps, espace,

Tout petit coin de vie…

Que Tu m’appelles, Seigneur, à habiter pleinement.

 

Parce que c’est aussi dans ces toutes petites étendues de rien du tout,

Dans ces espaces comme resserrés de l’automne,

Simplement ici, que Tu désires faire Ta demeure

Parmi nous, en nous : 

Se laisser travailler

Pour T’y rendre présent, un peu plus.

 

Et rendre grâce, soir et matin,

De ce qui a pu se vivre de grand dans le tout-petit du quotidien

Et Te demander la grâce de continuer, fidèlement,

A s’en émerveiller.


jeudi, octobre 13 2011

C’est la vie, c’est la mort ; et réciproquement

 

Foule bigarrée de la très parisienne place de la Sorbonne : sages professeurs, étudiants, touristes, manifestants d’une cause ou d’une autre, voire de l’opposée, et même depuis peu, quelques masseurs. Il y a ceux qui y filent très vite comme pour ne pas se faire remarquer, ceux qui la traversent d’un pas lent mais décidé, ceux qui y déjeunent, ceux qui y causent, ceux qui y rient, ceux qui la photographient (avec de « vrais » étudiants devant !)… Place que je traverse tous les jours, amusée par sa diversité et encore charmée malgré les années par sa beauté si unique.

 

Tant mes pas pressés, attirés par l’heur(e) du café, que mon esprit absorbé par une conversation agrégative ne me firent pas prêter, je l’avoue, une grande attention au premier abord à ces quelques panneaux installés devant la statue d’Auguste Comte.

 

Une suite de photos : du noir, du blanc ; puis une petite tente, avec quelques personnes. J’en avais simplement saisi le titre au passage : « il est toujours temps ». Mon passage suivant me fit voir qu’il s’agissait d’une exposition pour les soins palliatifs ; mon troisième passage fut le bon : je m’y arrêtai.

 

Quelques photos, oui, mais pas n’importe lesquelles : des photos de souffrance et des photos de soins ; des corps et des regards ; des photos de soins palliatifs, oui, mais avant tout des photos d’humains. Elles étaient belles ces photos, vraiment belles. Et vous aussi d’ailleurs, vous pouvez les regarder, puisqu’elles sont ici : « il est toujours temps… »

 

Non, il ne s’agissait pas de voyeurisme, de cette souffrance montrée parfois complaisamment par certains médias, pour faire choc. Il s’agissait de la souffrance vraie, ni cachée, ni exhibée, vécue. Et elle était montrée en plein cœur de notre monde qui, malgré les airs qu’il se donne, est si souvent aseptisé, planquant dans ses recoins obscurs ce qu’il ne veut pas voir…

 

Je reste très marquée par une cérémonie d’obsèques d’un moine à laquelle, alors en retraite, j’avais assisté. Oh bien sûr, la liturgie bénédictine était splendide : toute sobre et réorientant simplement vers l’Essentiel. Mais il y avait surtout ce cercueil ouvert, là, au centre du chœur puis emmené en procession au cimetière. Dérangeant… Choquant ?

 

Le mort[1], ou plutôt son corps, était au centre : ni montré, ni caché. Il était « avec »… Dans une communauté, on ne se cache pas pour mourir. On ne dissimule pas les plus faibles et leurs souffrances, ni leur mort : tout ce qui risquerait de nous gêner, parce que nous renvoyant à nos propres fragilités, à nos propres souffrances, à notre propre mort. On vit avec, pleinement.

 

Oser montrer des photos prises en soins palliatifs, de ces personnes comme vous et moi qui vont mourir, cela me semble relever d’un même désir d’être ; oser les mettre au centre de Paris, sur une place où le monde bouge et non pas dans un recoin d’une expo, c’est aussi oser postuler, pour ces bénévoles, que eux, certes, mais que nous aussi, nous sommes « avec », si nous en prenons conscience. Je me dis que c’est peut-être le pari fou de cette exposition sans prétention

 

Jusqu’à samedi sur la place de la Sorbonne

Organisée par l’association « Les P’tites lumières »

 



[1] Je préfère préciser avant que quelqu’un ne s’offusque : il ne s’agissait bien sûr pas d’une célébration célébrant en vaine gloire la vie du trépassé… Et dans ce geste monastique, il y a bien évidemment aussi toute une charge téléologique forte et profonde mais tel n’est pas mon propos ici. 

mercredi, août 31 2011

« Si tu savais le don de Dieu… »

 

« Si tu savais le don de Dieu… »

Moi, je vous le dis tout net : je ne sais pas le don de Dieu.

Il est immensité, ce don ;

Il est folie, ce don, folie si grande que ma pauvre vie sera bien insuffisante pour le comprendre mais n’aura pourtant de cesse de le recevoir et de l’accueillir, au mieux ou le moins mal possible.

Parce que je sais, parce que je crois qu’il est Vie, ce don.

Mais le « savoir »… ? Mais le « connaître » ?

 

 

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jeudi, juillet 28 2011

Reprendre bon pied bon œil

 


Sais-tu marcher ?

Je ne te dis pas marcher simplement, poser un pied devant l’autre, ni même recommencer mais marcher devant soi, loin, un peu plus loin, encore plus loin…

 

Marcher parce qu’on le souhaite,

Marcher sans vraie raison,

Marcher en respirant vraiment,  

Marcher en admirant,

Marcher en priant.

 

Seule dans la nature mayennaise,

Pas scandé par le rythme des ave, donné par le dizainier qui tourne doucement, comme pour orienter le sens profond de la marche en son commencement.

 

Marcher : prière du regard, de l’odorat, de l’ouïe…

Marcher, c’est vraiment prier avec tout son corps,

C’est se replacer dans la Création, en son cœur, à sa juste place, ni plus, ni moins ;

Et prier les heures avec le jour qui avance, c’est se replacer dans l’Eglise, en son cœur, en sa communion de priants. 

 

Marcher ainsi au terme d’une année, c’est aussi prendre le temps du recul par rapport aux moments où nous avons failli vaciller, par rapport à toutes les difficultés rencontrées, par rapport à toutes nos peurs pour l’avenir.

Marcher pour mieux ajuster, marcher pour vraiment reprendre pied.

 

Marcher, c’est également reprendre le goût du vrai voyage,

De celui qui n’est pas pays si lointain mais plutôt terre toute proche ;

Découverte un peu plus vraie de cette fabuleuse terra incognita que nous sommes, dans nos limites physiques avec en même temps un appel à nous surpasser : à lutter quand vient l’envie d’abandonner, à nous élever.

 

Et puis, découverte toujours plus de cet Autre plus intime à nous que nous... 

En sourire en contemplant la nature resplendissante,

A en chantonner avec un tel sourire aux lèvres qu’une rare voiture croisée vous demande ce que vous faites !

Et, pas si curieusement que cela, avoir dans la tête en arrivant à bon port cette hymne de st François : Laudato si, o mi signore…

 

abbaye N.-D. de Port du Salut à Entrammes

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